Histoire de marathon, en trois temps

1er temps – L’objectif et l’entraînement

Durant une soirée d’hiver, arrêté à réfléchir… je me dis que ça fait déjà plusieurs années que je cours, j’ai été constant dans l’entraînement durant les 4-5 dernières années (sauf pendant mon épisode de Syndrome de Guillain-Barré en 2018…), et je suis prêt pour un nouveau défi: alors pourquoi pas m’inscrire à un marathon? Je m’inscris donc le 18 janvier 2019 pour le Marathon du P’tit Train du Nord qui aura lieu le 20 octobre 2019! Mon objectif: moins de 3h35 (5:06 min/km).

Les mois passent, et je réalise que je serai probablement capable de faire mieux que mon objectif initial. Au Ottawa Race Weekend, je complète le demi en 1:28:00. En regardant les équivalents de Jack Daniels, ça donne 3:03:38 sur le marathon. Puisqu’il me reste encore plus de 4 mois avant la course, je me dis que je suis capable de courir le marathon en bas de 3 heures (4:15 min/km) – ce qui me permettrait de me qualifier pour Boston… pourquoi pas! Avec Marie-Ève, on m’a concocté un programme assez agressif qui devrait me permettre de réaliser mon objectif si je le suis correctement.

Première course de l’entraînement pré-marathon

Alors voilà, le 29 juin 2019 je commence mon entraînement avec une longue course de 15 km. Et ce sera pour une période de 16 semaines, avec des volumes d’entraînement variant entre 50 et 80 km par semaine – 6 jours par semaine (en théorie).

Début juillet, fait chaud… très chaud!!! Mais tout va bien, je suis super motivé, et suis mon plan pas mal à la lettre pour ce qui est des séances d’entraînement:

  1. Des entraînements en intervalles deux fois par semaine avec Course4FUN – que ce soit de travailler en force dans les escaliers, en trail, des intervalles courtes, longues, tout y est! C’est varié, on fait de tout, et plus ça avance plus on travaille sur de longues intervalles au seuil aérobie. Bref, je suis capable de pousser en intensité, je ne suis pas trop fatigué du reste de la semaine.
  2. Des longues courses le samedi (après coup, je les faisais trop rapidement, soit 15-30 secondes/km de trop qui a probablement causé ma blessure… voir plus bas!), pendant lesquelles mes amis de Course4FUN m’accompagnent habituellement sur une partie du parcours. Ça m’aide vraiment à garder le moral, et quoi de mieux que de partager cette expérience avec des personnes formidables?
  3. Je complète mes semaines d’entraînement par des courses relativement « mollo » (probablement pas assez mollo… voir plus bas!), seul les mardis et vendredis, et dimanche avec le groupe.

Je complète ainsi la moitié du plan avec des longues course de 15, 16, 21.1, 22, 18, 23, 26, 22… et là… outch! Ma cheville… une douleur juste en-dessous de la malléole. Et le lendemain j’y vais pour un 15 km et là… rien ne va plus… à la fin de la sortie je ne supporte plus mon soulier droit. Ça serre, ça tire, ça fait mal, je capote… erreur… misère… mais je reste positif et je me dis que quelques journées de repos devraient faire du bien. Après tout, j’ai poussé pas mal dans les semaines précédentes, et le repos fait aussi partie de l’entraînement.

2e temps – La blessure et la récupération

Dans la semaine suivant la blessure, je vais voir mon ostéo et elle me dit que j’ai un problème avec mon arche de pied… quoi?!?! Encore cette histoire de pieds plats! Je prends donc la semaine de repos, et planifie quand même faire ma longue course du samedi suivant – 28 km. Le vendredi soir je teste la machine sur une couple de km, et très peu de douleur est présente. Je suis donc encouragé! 28 km, je me dis que je ne peux pas rater cet entraînement puisque c’est le début de la série de longs entraînements critiques menant au marathon. Je cours donc mon 28 km, et pendant la course, peu ou pas de douleur. Je me dis que je suis back in business! Erreur… le lendemain, outch! À peine capable de marcher en me levant, douleur très aigüe en-dessous de la malléole, enflure, ça va pas bien… Je me dis que tout est foutu pour le marathon. Merde! Alors je Google les symptômes – tendinite du tendon tibial postérieur. Je lis des histoires d’horreur de gens qui ont encore des symptômes après des années de repos… re-merde! C’est la fin de ma carrière de coureur 🙁

La gang de Course4FUN un dimanche d’août

Je vais voir le physio. Il essaie de trouver ce que j’ai. Définitivement une tendinite; glace, repos, exercices de renforcement sont de mise. Ultrasons, courant interférentiel, dry needling, il a tout essayé. Et me dit que je peux continuer l’activité physique dans la mesure où il n’y a pas trop de douleur. Bon… j’adore le vélo alors je fais du vélo afin de garder la forme.

J’ai ainsi raté 5 semaines d’entraînement de course. J’ai recommencé en y allant très progressivement, sans douleur, alternant course et marche… très tranquillement… et ce sur 3 semaines. Patience est de mise je me disais. Et au moins je voyais du progrès – léger progrès mais constant – et j’avais cessé d’écouter Dr. Google et ses histoires d’horreur. Après tout, je suis maître de mon destin!

Puis, pour la première fois dans ma carrière de coureur, j’ai eu un DNF à la course de l’armée, n’ayant pas pris le départ du demi au challenge du commandant. Le 5 km a été douloureux, alors je n’ai pas pris de chance et ai oublié le demi; sage décision, pour une fois…

La semaine suivante, le marathon étant dans moins de trois semaines, je me suis finalement résolu à l’idée de plutôt courir le demi – ou de commencer le marathon et au pire abandonner. Au moins je n’allais pas tout perdre. Mais ça allait tellement bien (trois semaines de suite avec des « longues » courses de 10, 19, et 14 km, avec peu de douleur), que je me disais que tout était encore possible – quoique c’est essentiel de penser à long terme, quitte à sacrifier le court terme.

Et voilà que dans le temps de le dire, les 16 semaines de mon plan sont déjà passées, et je suis dans les Laurentides avec la gang de Course4FUN pour le Marathon du P’tit Train du Nord!

3e temps – La course

Arrivé à Tremblant, j’ai finalement décidé de prendre part au marathon, et au pire abandonner si la douleur se mettais de la partie. Mon plan de match: suivre un lapin de cadence; celui de 3h20… 4:45 min/km… ça devrait être faisable. Durant l’entraînement je courais mes longues courses un peu plus rapide que ça. Le cardio est donc là. Reste à voir la mécanique… après tout, c’est cette fameuse mécanique qui m’a empêché de réaliser mon entraînement tel que le prescrivait le plan.

Puisque le hasard fait bien les choses, en arrivant sur le site je rencontre Manuel, mon lapin! On se présente, je rencontre aussi Mark un autre coureur bien sympathique. On se dirige donc tous ensemble vers l’ère de départ. Mais… fait cocasse… puisque je m’étais enregistré pour le marathon avec un objectif de 3h35, mais que maintenant je visais 3h20, il fallait que je parte dans le départ #5, alors que mon lapin partait dans le départ #3. Merde… le bouncer ne voulait rien savoir à me faire rentrer dans l’ère de départ avant mon départ prescrit.

Je décide quand même de marcher vers l’arche de départ, de l’autre côté des clôtures. Je vois Mark et Manuel, qui se disent WTF… pourquoi tu n’es pas avec nous? Je leur explique la situation, et en 2 secondes décide de sauter la clôture. Je n’avais rien à perdre, je voulais suivre mon plan de match à tout prix. Succès! personne de l’organisation me voit, je suis dans l’ère de départ, l’énergie dans le piton!

Bang! 8h40 on part! Manuel a la mission de nous pacer à 4:45 min/km, et il le fait très bien. On a quelques secondes en banque au demi, tout va comme sur des roulettes. Étonnamment, je n’ai presque pas de douleur à la cheville, presque pas au pied, alors je maintiens le pace! Je suis Manuel dans les talons, puisque je ne sais pas trop à quoi m’attendre passé 28 km… Je prends de l’eau à chaque point d’eau, du Gatorade de temps en temps, et du Brix à tous les 10 km, sous les conseils de Manuel. Tout se passe bien, yes!!!

Mon Lapin de cadence avec sa gang

J’ai même mon fan club de Course4FUN qui me suit tout au long du parcours. C’est fou l’énergie que ça donne de se faire encourager par des gens que t’aimes, qui te tapent dans la main et crient ton nom comme des déchaînés. Je me disais dans ma tête que je ne pouvais pas les décevoir, alors je continue de foncer.

Moi qui passe entre deux rangées de fans 🙂

À 32 km, ça commençait à être un peu plus difficile. Légère douleur / crampes dans la cuisse gauche, et une légère baisse d’énergie. J’enfile le reste de mon gel, et je continue. Je sentais que certains coureurs qui suivaient Manuel commençaient à tirer de la patte, alors je me tenais à l’avant du peloton pour garder le rythme. Bien que j’avais tendance à aller un peu plus vite que le pace prescrit, et Manuel me disait pendant plusieurs km de me calmer… jusqu’au km 37 où il a dit: si vous voulez faire 3:18:00 ou moins, allez-y!

Alors j’y suis allé. À fond de train pour les 5 derniers km. J’étais familier avec les sensations que j’avais, et il restait seulement 5 km après tout. 4, 3, 2 km… c’était difficile mais vraiment plaisant comme feeling. 1 km, je vois Marie-Ève et Gaétan qui courent vers le trottoir pour m’encourager et me taper dans la main. Dernier boost d’énergie! 200 m, je vois l’arche d’arrivée, et bang! 3:16:29 pour mon premier marathon!

L’après course

So What???

Je suis vraiment content du temps que j’ai fait, malgré tous les obstacles que j’ai eus durant l’été. Voici ce que je conclus de mon expérience:

  • Ayant un bon cardio, et encore novice dans les sports de longue distance, j’ai probablement exagéré sur la vitesse à laquelle je courais mes longues courses et mes courses de récupération. Leçon de vie…
  • Pour le retour, je me suis bien entouré; Marie-Ève m’a définitivement aidé à me raisonner à arrêter la course le temps d’un moment
  • Je suis aller voir des professionnels de la santé qui ont su me guider
  • J’ai fait du cross-training, des étirements et exercices de renforcement pendant que ma blessure guérissait
  • J’ai recommencé la course de manière progressive
  • Je suis resté positif tout au long (bon… peut-être pas la première semaine après ma blessure!).
  • Finalement, je me suis prouvé à moi-même que je suis capable de beaucoup plus que ce que je croyais, et que j’ai un mental d’acier

Pendant la course, côté forme, tout a bien été. J’ai géré ma course de manière intelligente (je crois…), et côté mental, je n’ai jamais douté. Même que j’ai eu du plaisir tout au long de la course, avec Manuel mon lapin de cadence et mes amis de Course4FUN qui se sont déplacés à 7 endroits pour m’encourager. Wow, j’ai vraiment une gang d’amis exceptionnels! C’est très fort l’esprit de groupe, et je suis certain qu’autant au cours de l’entraînement que pendant la course le fait d’avoir un groupe sur qui je pouvais compter m’a grandement aidé. Merci pour tout!!!

François Rioux – co-fondateur de Course4FUN, et maintenant marathonien 🙂

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